En incarcérant Khalifa Sall pour des malversations supposées ou réelles, le pouvoir était loin se s’imaginer qu’il ouvrait la boite de Pandore.
Pourtant les charges qui pèsent sur le Maire de Dakar sont suffisamment graves et sont passibles d’un emprisonnement. Seulement, en transmettant le dossier du Maire de Dakar à la Justice, tout en maintenant le coude sur ceux compromettant ses proches, le Président Sall aura bien du mal à convaincre ses compatriotes que l'emprisonnement du Maire de Dakar est dicté par le seul souci d'assainir les finances publiques.
C'est pourquoi une bonne frange des populations estime que Khalifa Sall est victime d’acharnement politique car il a toujours fait de la ville de Dakar, sa chasse gardée. Indéboulonnable à la tête de la ville de Dakar, le pouvoir n' a jamais lésiné sur les armes pour freiner son ascension vers les sommets, qu'elles soient conventionnelles ou pas.
Aujourd'hui, nul ne peut nier que ce combat contre Khalifa Sall a des relents de politique politicienne. Et il est quasi certain que si la ville de Dakar était aujourd’hui entre les mains d’un apèriste ou si Khalifa Sall n’avait pas fait scission avec Tanor, il ne serait pas inquiété ; mieux, on lui aurait octroyé des moyens colossaux pour qu’il réussisse sa mission. N'en déplaise aux souteneurs du chef de l’État qui investissent les médias pour dire que l'affaire Khalifa Sall n'est pas politique, qu'il faut laisser la Justice faire son travail, que le président Sall n'a pas peur de Khalifa Sall et patati, patata.
D'ailleurs, le ministre d’État Mbaye Ndiaye disait clairement ceci dans une de ses sorties; « le Président Macky Sall a les moyens de combattre quiconque veut le combattre. Lorsque quelqu'un s'oppose à lui, il a le devoir de répliquer et de faire face. Il ne faut pas avoir honte de dire que Macky Sall a des moyens d'investiguer, d'auditer les affaires de la République. Il peut l'exercer sur tout dépositaire d'un mandat public, en particulier ceux qui s'opposent à lui. Si l'opposant ne fait pas dans la transparence, le président peut le contrecarrer en utilisant cela légitimement contre lui », avait argumenté Mbaye Ndiaye.
Ce qui a le mérite d’être clair et met davantage de l'eau dans le moulin de ceux qui soutiennent que Khalifa est victime d'une justice à deux vitesses, car nombreux sont les partisans du pouvoir épinglés par des corps de contrôle, mais qui se la coulent douce, en toute quiétude.
Pendant ce temps le Maire de Dakar continue de croupir en prison et tous ses recours au niveau de la Justice sont systématiquement rejetés. Les faits imputés à Khalifa Sall sont antérieurs à son élection comme député, et malgré, tout il a été élu. Si la Justice est censée être rendue au nom du peuple et que c'est ce même peuple qui a fait fi de toutes ces accusations, pour l’élire, il y a de quoi y regarder à deux fois. Une situation qui devrait inciter les autorités à réfléchir et à prendre leurs dispositions pour éviter un éventuel retour de bâton.
LA REDACTION